MDxHealth : Analyse Scientifique Et Économique
MDxHealth est spécialisée dans la recherche de tests sur le cancer de la prostate. Voyons ses points forts et ses points faibles.
Notre analyse de MDxHealth survient à une période particulièrement fertile en rebondissements et contrastes impressionnants.
La biotech d’Herstal (et d’Irvine aux Etats-Unis, où MDxHealth a placé son siège social et réalise la grande majorité de ses ventes) est spécialisée dans la recherche et le développement de tests sélectifs et de traitements du cancer de la prostate essentiellement, mais aussi d’autres cancers urologiques.
L’année 2017 a vu l’action perdre un tiers de sa valeur. Les conditions météorologiques aux Etats-Unis, mais aussi des tracas administratifs, avaient pesé sur le titre. Au cours de ces derniers mois, une cascade d’événements a confirmé les grands écarts.
Fin octobre 2017, annonce d’un accord de distribution avec une « grosse » pharma suisse : le titre gagne 8%. Trois jours plus tard, avertissement sur résultats des ventes d’un test sans doute trop ambitieux : chute de 10%. En janvier 2018, annonce d’un nouveau test aux résultats très prometteur : remontée du cours de 11% et relèvement des objectifs de cours de quelques brokers jusqu’à entrevoir l’action à 6€ (le cours est aujourd’hui de 3,91€)
Comment expliquer de tels écarts en si peu de temps ? Nos analyses scientifiques et financières peuvent aider à les comprendre.
L’analyse scientifique
Une particularité de MDXHealth est de disposer de tests déjà commercialisés et dont elle est propriétaire.
On pourrait définir son objectif général : alléger et améliorer le processus de tests sélectifs du cancer de la prostate (mais aussi d’autres cancers urologiques), évitant à la fois un surcoût (celui d’une IRM), une procédure diagnostique lourde et douloureuse pour le patient (la biopsie) ainsi que la proportion de faux-négatifs. Tout cela grâce une efficacité supérieure aux tests existants, et une sensitivité (mesure de la précision du test) entre 90 et 98%.
Son produit-phare, le SelectMDx, est un test urinaire (donc non-invasif) permettant de cibler les patients à hauts risques de développer un cancer de la prostate agressif et mortel et chez lesquels une IRM se justifie. Le test permet d’éviter ce coûteux examen chez la moitié des patients envoyés par leur médecin, et pour un résultat plus assuré.
Dans le même registre, le ConfirmMDx, un test moléculaire épigénétique, permet d’identifier les patients à faible risque de développer ce type de cancers. Le test leur évite les désagréments et les douleurs d’une biopsie, mais aussi la proportion de faux-positifs qui peut résulter de cet examen.
On citera un troisième test en cours aux Etats-Unis, le AssureMDx, par biopsie liquide, afin de justifier l’utilité d’une cystoscopie pour les personnes chez qui l’on suspecte un cancer de la vessie.
Enfin, on n’oubliera pas ce candidat prometteur annoncé récemment, et dédié à la prise en charge du cancer de la prostate résistant après une castration.
Le point de vue économique
Pour une biotech, la commercialisation de ses produits est évidemment un avantage. Mais ce bénéfice rend aussi plus vulnérable, car la mise sur le marché de tests remboursés par la sécurité sociale (la reconnaissance par Medicare, notamment) suscite des tentatives d’en restreindre la consommation, par diverses conditions (notamment la perspective que le médecin se trouve obligé de demander l’autorisation aux compagnies d’assurances avant de recourir à ce type de tests),
C’est donc ici l’évolution des ventes qui suscite la volatilité, plus que l’indiscutable qualité scientifique des produits.
Quand une biotech dépasse le stade du financement des processus de recherche pour vivre de ses ventes, les bilans financiers s’avèrent décisifs. Une déception face à des perspectives trop ambitieuses sera très lourdement sanctionnée par les marchés.
On comprend mieux alors pourquoi les analystes affichent de tels grands écarts dans leurs objectifs de cours. Alors que certains voient le cours à 6 euros grâce aux potentialités de développement, d’autres mettent l’accent sur la fragilité du bilan ou la faiblesse des ressources propres.
Dans ce secteur en particulier, l’incertitude entraîne des stratégies d’investissement à court-terme suivis de dégagements tout aussi rapides.
Les points forts de MDXHealth
- Une stratégie cohérente sur le plan du diagnostic et du traitement à venir, tant d’un point de vue scientifique que de santé publique et d’économie de la santé.
- Des tests d’une très grande fiabilité.
- Une implantation aux Etats-Unis, où la prévalence des cancers de la prostate est élevée, et leurs dépistages actuels très onéreux.
- Une équipe remaniée.
Les points faibles de MDXHealth
- De grands espoirs entrecoupés de déceptions, et donc une volatilité récurrente, quasi-habituelle (le leitmotiv).
- Des objectifs opérationnels qui peuvent apparaître flous, voire opaques. Ce que les marchés n’apprécient pas.
- La dichotomie des secteurs de recherche et des stratégies de commercialisations, entre lesquels l’investisseur se trouve peut-être un peu perdu.
Si nous devions nous positionner sur ce titre, nous serions à l’achat mais avec une optique de moyen et long-terme. Et, bien entendu, une surveillance des bilans financiers qui correspondent à l’ultime phase de la recherche : la commercialisation.
Les analystes feront la pluie et le beau temps en un va-et-vient auquel MDXHealth nous a habitués, mais nous pensons qu’elle a tous les atouts pour se développer davantage au final. Elle dispose des partenaires et d’une équipe scientifique capables de renforcer ses lignes.
Avertissement : Les informations contenues dans cette analyse ne sont pas des conseils d'achat. Par conséquent, l’auteur ne pourra être tenu responsable en cas de pertes sur le(s) produit(s) concerné(s). Tout investissement comporte des risques de pertes. Pour plus d’infos, voyez nos mentions légales.
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