Le PER Et Sa Cherté Relative En Bourse

Le PER Et Sa Cherté Relative En Bourse

Dans un article précédent, nous avons vu, de manière non exhaustive et simplifiée, certaines limites de l’approche par le PER, Price Earning Ratio, ou encore rapport Cours/bénéfice (C/B) ainsi que quelques modalités de son calcul qui en font un outil d’une simplicité qui n’est qu’apparente…

A l’approche d’un été qui s’annonce, à mon sens, meurtrier pour les Bourses, nous avons décidé d’analyser un PER indiciel de l’eurozone à savoir l’Euro Stoxx 50.

La composition de cet indice est donnée sur http://www.stoxx.com/. Vous y trouverez sa composition et la pondération respective de chacun de ses composants.

La méthodologie d’analyse du PER a été la suivante :

  • le cours des différentes actions composant cet indice a été extrait de L’Echo à la page http://www.lecho.be/bourses/190031976 . Nous avons utilisé les cours de clôture du 10/07/2009 ;
  • nous avons calculé un cours pondéré de chacune des actions composant cet indice en appliquant la pondération mentionnée dans le descriptif officiel de l’indice au cours de clôture du 10/07/2009 de chacune des actions le composant. En sommant ces différents cours pondérés, nous avons déterminé un cours pondéré de l’indice au 10/07/2009 ;
  • pour calculer les PER prospectifs 2009 et 2010, nous avions besoin des projections bénéficiaires autrement dit des BPA courants pour ces exercices pour chacune des sociétés composant l’indice : nous avons utilisé les BPA médian, minimum (et donc pessimiste) et maximum (et donc optimiste) de L’Echo et de Keytradebank ;
  • en tant qu’investisseur, vous savez que les analystes émettent des opinions qui valent ce qu’elles valent… L’avantage d’un indice large comme celui retenu est que toutes les actions sont suivies régulièrement par beaucoup d’analystes qui émettent chacun une opinion.

Pour chaque action, nous avons repris l’opinion moyenne à laquelle nous avons appliqué la pondération dans l’indice de chacune des actions de manière à déterminer une opinion sur l’indice lui-même.

Sur base de cette approche, le tableau suivant a été calculé :

Nous pouvons en retirer les observations suivantes :

  • les projections bénéficiaires des intervenants sont très larges puisque l’écart entre les optimistes et les pessimistes est très significatif. Autrement dit, personne ne sait exactement de quoi demain sera fait mais est-ce vraiment étonnant au vu des informations économiques diffusées ?

C’est la raison pour laquelle nous avons retenu la médiane car les valeurs extrêmes que constituent les projections de type minimum et maximum peuvent fausser la moyenne et donc ce cas, la médiane est plus appropriée pour cerner les tendances ;

  • si nous considérons l’observation médiane c’est-à-dire celle au milieu de consensus, nous obtenons un PER 09 prospectif de 11,61 et un PER 10 prospectif de 9,52. Ces PER ne sont pas nécessairement bon marché alors que nous sommes à peine en crise économique.
PER

En effet, dans les très grandes lignes, la situation actuelle a débuté avec une crise immobilière, qui a dégénéré en crise financière, qui a elle-même engendré une crise économique par un credit crunch généralisé, crise économique dont nous ne connaissons que les premiers assauts et qui donnera lieu à une crise sociale dans les prochains mois ;

  • les évolutions des BPA sous-jacents sont encore très agressifs de 2010 à 2009 puisque le BPA médian 2009 devrait augmenter de 21,84% pour atteindre celui de 2010 ! Est-ce en adéquation avec les projections macroéconomiques récentes des organismes internationaux ? Poser la question, c’est un peu y répondre…;
  • l’opinion indicielle des analystes ressort à 2,47. Il est vrai qu’ils n’ont pas vu venir la crise, pourquoi verraient-ils la reprise économique ? Toutefois, sachant qu’ils sont généralement d’un optimisme démesuré, un tel score ne doit pas susciter la ruée sur les grands indices. Pour rappel, il est admis communément que :
    • de 1 à 1,49 : achat fort
    • de 1,50 à 2,49 : achat
    • de 2,50 à 3,49 : neutre
  • Une dernière remarque avant de conclure : le 03/07/2008, le PER moyen calculé par nos soins pour ce même indice était de 10,11 et vous savez ce qu’il en est advenu du second semestre 2008…

En conclusion

  • en ce qui concerne le PER, personne ne précise jamais dans les revues à destination des investisseurs particuliers de quel PER il s’agit : du PER moyen, du PER médian, du PER optimiste, du PER pessimiste.

Le but est bien souvent de vous amener à acheter. Si nous vous soumettons le PER optimiste mentionné ci-avant, vous passez à l’achat sur l’indice…En achetant, vous générerez des commissions et éventuellement des frais de garde dans le cas des grandes banques.

Leurs analystes sont donc rarement vendeurs en dépit parfois des clignotants allumés. Spectacle désolant d’une profession dont les positions n’ont plus rien de scientifique mais sont avant tout le prolongement de la stratégie commerciale et marketing de leur employeur…

Certains sortent du lot par leur langage sans ambiguïté et sont sortis, chapeau bas Mr. Geert Noels ! ;

  • en juin 2008, le PER indiciel prospectif était relativement bas et donc cet indicateur n’a été d’aucune aide pour détecter cette crise. Ce qui est logique car sur base des projections bénéficiaires, il n’y avait pas de survalorisation des actions ni même en prenant d’autres critères fondamentaux d’ailleurs ;
  • le PER est une des méthodes comparatives pour évaluer la cherté relative d’une action ou d’un indice mais de par cette nature même, elle souffre d’une approche intrinsèquement limitée puisque vous suivez une tendance.

Autrement dit sélectionner un actif qui est relativement moins coûteux que d’autres actifs dont les cours montent par exemple peut quand même vous amener à acheter un actif fondamentalement surévalué dans l’absolu et non relativement ;

  • en ce qui concerne l’indice Euro Stoxx 50 ayant servi de fil conducteur à cet article, nous ne l’achèterions pas dans les conditions actuelles sans avoir une plus grande visibilité tout en sachant que le return le plus élevé est atteint dans les premiers mois d’une reprise boursière.

Enfin, concernant les valeurs toujours en portefeuille, nous vous conseillons de lire avec attention l’article de Nathanaël « Les différents stops en Bourse » et plus spécifiquement la partie consacrée aux trailing stops, article dont le timing de publication est parfait…Vous risquez d’en avoir besoin dans les prochains mois…

Article écrit par Jean-Louis

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