Dividende : Mieux Vaut Recevoir Du Cash, Des Actions, Des Buybacks Ou Rien?
Vaut-il mieux recevoir un dividende en cash, en actions, ou pas de dividende du tout? On fait le tour le sujet ici (pour débutants).
Dans le milieu boursier, une société peut récompenser ses actionnaires de plusieurs façons. Les plus courantes étant les rachats d'actions propres (suivis de leur destruction!) ou la distribution d'un dividende. Ce dernier peut-être constitué de cash, d'actions, ou de vide (pas de dividende).
Je vais tenter de décrypter tout ça pour découvrir quel est le meilleur choix pour votre portefeuille. Attention, cet article cible principalement les débutants qui ont peu ou pas de connaissances dans le domaine.
Dividende en cash (le plus courant)
Le dividende en espèces est distribué quatre fois par an par les entreprises américaines. Par contre, les firmes européennes ne le verse traditionnellement qu'une à deux fois sur l'année. Concrètement, cela ne change pas grand-chose car le montant du dividende est un pourcentage annuel du cours de l'action qui y est attachée.
Ce qui est important, c'est de savoir les paiements de dividendes n'enrichissent pas les actionnaires. Il s'agit juste d'argent qui est soustrait du cash détenu par la société sur son bilan comptable pour être ensuite transféré vers les actionnaires.
Comme cette somme est réellement détachée du bilan de la firme, le cours de l'action baisse mécaniquement du même pourcentage le jour ex-dividende.
Par exemple, le dividende annuel de TotalEnergies est de 4,70% au cours de 58,70€, soit 2,75€ par action. Comme cette société française a adopté le système trimestriel de distribution des dividendes, vous recevrez 0,69€ brut tous les 3 mois (soit 2,75€ divisés par quatre). Cela signifie que chaque trimestre, à la date ex-dividende, les actions TotalEnergies diminueront automatiquement de 0,69€, et ce, dès l'ouverture du marché.
Vous ne recevrez réellement ces 69 centimes (qui seront multipliés par le nombre d'actions en votre possession) que le jour du paiement du dividende. Il a souvent lieu quelques jours ou quelques semaines après la date ex-dividende.
Mais attention ! Cette somme sera encore amputée de la taxe sur le dividende avant de vous parvenir, c'est-à-dire 30% si vous êtes français sur un compte-titres. Si vous êtes belge, la taxe sera un peu plus élevée car vous paierez un double précompte : d'abord le français, puis le belge.
Le dividende en cash n'est donc pas un enrichissement du vilain actionnaire comme certains politiciens populistes tentent de le faire croire mais un simple transfert d'argent de l'entreprise vers l'actionnaire. Celui-ci n'est en plus même pas neutre, puisque l'actionnaire doit s'acquitter de la taxe de 30% au passage.
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Dividende en actions
Le dividende en actions est proposé par certaines sociétés. Si vous choisissez cette option via les paramètres de votre courtier, le dividende est payé sous forme d'actions et pas de cash, au même prorata et aux mêmes dates que le dividende en espèces.
Comme ce dernier, le dividende en actions est aussi soumis au précompte mobilier, ou flat tax pour nos amis français . Et comme son homologue en cash, il ne constitue donc pas une opération blanche mais un transfert de richesse définitivement perdant pour l'actionnaire.
Il est à noter que certains dividendes en actions, tels que les dividendes des sociétés hollandaises, sont exonérés de cette taxe.
Les fameuses actions gratuites distribuées par certaines sociétés (par exemple quand vous détenez des actions au nominatif chez Air Liquide) peuvent aussi être considérées comme un dividende en action, sauf pour les investisseurs du plat pays, qui pourront être exonérés de la taxe belge de 30%. Mais c'est un sujet assez complexe car cela se décide au cas par cas.
Enfin, si vous choisissez un dividende en actions (ou actions gratuites), l'entreprise devra augmenter son capital pour distribuer les actions toutes fraîches. Il y aura donc un effet dilutif car, plus elle augmente le nombre d'actions en circulation, plus le bénéfice par action diminue car il doit être partagé entre un plus grand nombre de titres.
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Rachats d'actions propres (buybacks)
Les rachats d'actions propres par la société sont souvent plus intéressantes que le versement d'un dividende car ils ne sont pas taxés. Néanmoins, les rachats ne possèdent pas le même impact psychologique car l'actionnaire ne reçoit rien de tangible.
Le but des buybacks est de détruire les actions après les avoir achetées. Cette manœuvre d'ingénierie financière a pour objectif de diminuer le nombre d'actions en circulation, augmentant ainsi le bénéfice par action.
C'est un peu comme quand vous découpez la tarte de tata Paulette le dimanche : si vous la coupez en 4 morceaux, chacun invités en mangera plus que si vous la coupez en 10 morceaux.
Attention : les rachats d'actions propres ne doivent pas être lancés n'importe quand. Ils doivent être instaurés par la société quand elle estime que ses actions sont sous-évaluées. Imaginons qu'elle évalue la valeur de ses actions à 10€. Si elle les achète pour 5€, c'est une opération intéressante pour l'actionnaire. Si par contre elle le fait pour 15€, c'est une bien piètre allocation de son capital et elle aurait mieux fait de s'abstenir.
En résumé, les buybacks, s'ils sont bien exécutés par la société (achats des actions quand elles sont sous-évaluées, suivis de leur destruction) permettent d'optimiser fiscalement le potentiel de gain de l'actionnaire.
Pas de dividende du tout
Paradoxalement, ne pas recevoir de dividendes est souvent une très bonne récompense pour l'actionnaire. Bon, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit : les dividendes peuvent être utiles à certains profils bien précis. Par exemple un senior qui voudrait recevoir une rente trimestrielle pour payer ses factures sans toucher à son compte-titres.
Mais en général, le fait de ne pas recevoir de dividendes permet à l'entreprise de réinvestir plus d'argent dans sa croissance, et donc de faire augmenter vos titres sur le long terme.
Mais attention : si elle ne parvient pas à réinvestir ses bénéfices dans des projets dont le rendement sera plus élevé que son Return On Equity (ROE), alors le versement d'un dividende est une bonne utilisation de son cash. J'explique cela en détail dans cet article.
En résumé
Vous l'aurez compris, savoir quel type de dividende convient à quel investisseur est à évaluer au cas par cas. Néanmoins, on peut estimer que zéro dividende ou des buybacks conviendront à une grosse partie des investisseurs.
Les dividendes en cash ou en actions seront plutôt adaptés aux investisseurs défensifs qui sont à la recherche de revenus récurrents sans devoir se séparer de leurs titres.
Il y a bien évidemment des tas de nuances, mais cet article s'adresse avant tout aux débutants et a pour unique but de les éclairer sur les différents types de dividendes.
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