Le Titanic Et Les Banques Centrales : Une Comparaison Hasardeuse?

Le Titanic et les banques centrales : Une comparaison hasardeuse? Voici mon analyse et la corrélation avec le prix de l'or.

Le Titanic Et Les Banques Centrales : Une Comparaison Hasardeuse?

Ce lundi 16 décembre, les marchés boursiers enregistrent une forte hausse. Pourtant, le cours de l'or, valeur refuge millénaire, ne faiblit pas. Une situation qui interpelle puisque, par le passé, le métal jaune a toujours épousé une courbe inverse à celle du dollar.

Comment expliquer ce paradoxe apparent?

J'insiste : ce qui suit n'est qu'une hypothèse personnelle, bien que fondée sur des facteurs objectifs. Et l'on me pardonnera, je l'espère, la comparaison avec le naufrage le plus célèbre de l'Histoire : celui du Titanic.

Les facteurs et faits objectifs sont les suivants :

  1. Voici quelques jours, Zoltan Pozsar, un gourou respecté du monde de la finance, prédisait qu'aujourd'hui serait un jour d'apocalypse sur les marchés boursiers. Pourquoi? L'économiste prévoyait que la réserve fédérale américaine allait perdre le contrôle du taux REPO durant la nuit de dimanche à lundi, comme elle l'avait déjà subi pendant plusieurs heures le 17 septembre 2019.
    Le marché REPO (pensions en français) désigne un mécanisme utilisé par les banques pour obtenir un financement à court terme. Ils vendent des titres qu'ils détiennent dans des accords de mise en pension (REPO). Par exemple, ils placent des obligations du Trésor américain ou des titres de sociétés Triple-A en pension pendant la nuit, pour servir de garantie, et ils les rachètent le lendemain. En échange de ces titres, ils obtiennent des liquidités à un taux d'intérêt proche ou égal au taux directeur fixé par la FED, qui est proche de 2%.
  2. Cette prédiction, la FED l'a prise très au sérieux. Jugez du peu : ce dimanche, la banque centrale américaine a annoncé pour aujourd'hui l'injection de 100 milliards de dollars dans les marchés. Elle a même prévu une poursuite de ce sauvetage dans les semaines à venir : elle injectera au total sur les marchés la somme ahurissante de 500 milliards de dollars au cours des quatre prochaines semaines.
  3. La FED préfère en fait prévenir que guérir. A la place de lancer un quatrième programme de Quantitative Easing si un krach boursier survenait, la banque centrale américaine préfère inonder le marché REPO d'un déluge de liquidités, augmentant ainsi son bilan à une estimation de plus de 4500 milliards en janvier 2020.

La réaction logique des marchés est ce que l'on appelle dans le jargon financier un regain d'appétit pour le risque.

Mais pourquoi l'or ne baisse-t-il pas?

C'est la question à un million de dollars, puisque, rappelons-le, le maintien du cours de l'or au-dessus des 1.470$ est un fait qui peut sembler insolite de prime abord.

Sauf si l'on se dit que, parmi la masse, il se trouve des investisseurs qui n'avalent pas les couleuvres.

Car voici l’explication de mon titre volontairement provocateur et l'image qui me vient à l'esprit pendant la catastrophe du Titanic : les musiciens de l'orchestre qui continuent à jouer au cœur du naufrage.

Le naufrage est-il économique, cette fois?

L'orchestre du Titanic aurait joué jusqu'à la dernière minute

Je l'ai écrit et répété : la situation économique mondiale se fissure petit à petit. On peut pointer une pluie de facteurs, tous objectifs et avérés : citons les prévisions du FMI en matière d'inflation et de perspectives économiques régulièrement revues à la baisse.

Ou encore, l'endettement massif et sans précédent de l'Europe et des États-Unis, alors que, justement, leurs banques centrales ont acheté cette année des tonnes d'or pour un volume inédit, ce qui illustre bien leur souci de conserver un bas de laine en cas de faillite des monnaies.

Ajoutons à cette liste noire les indices de confiance, les bilans globalement faiblards des entreprises, l'existence dans un nombre croissant d'États européens d'une volonté de sortir de l’Union chèrement acquise et renforcée depuis 20 ans par la création de l'euro. La mauvaise santé de l'économie allemande est également particulièrement préoccupante.

On ajoutera à cela la procédure d’impeachment du Président des États-Unis. Cette procédure, même s'il y a de faibles probabilités qu'elle aboutisse (ne jamais dire jamais), aura sans doute un impact sur la crédibilité de Trump. En effet, si certains faits sont avérés, il pourrait se trouver parmi les républicains des esprits éclairés qui auront compris que leur propre crédibilité électorale dépendra de celle du Président.

Les couleuvres dont je parle, ou les vessies pour les lanternes, ce sont, en vrac :

  • Les tweets incessants de Donald Trump, qui font la pluie et (surtout) le beau temps. On a recensé un très grand nombre de tweets du Grand Communicateur qui sont en fait des messages contradictoires, des volte-face ou des fake-news.
    Avec, à la clé, des investisseurs contraints de calquer leur stratégie sur les tweets du grand Panurge.
  • La guerre commerciale, certes préoccupante, mais qui fait aussi figure d'arbre idéal pour cacher la forêt infiniment plus sombre que j'ai évoquée.
  • Les promesses d'actions sur climat dont on ne peut pas dire que leur exécution est pour demain.

Qui sont les payeurs?

Je me répète et m'en excuse : la réponse est très claire pourtant. Les payeurs seront les jeunes générations et les citoyens lambda, et surtout les moins favorisés (chômage, pensions cloisonnées). En Belgique, par exemple, tous les signaux de pauvreté croissante sont dans le rouge, Tout cela pour ajouter quelques millions au portefeuille déjà bien fourni des "élites financières". Ou devrais-je plutôt dire "les initiés".

Ce scandale, car c'en est un, n'est permis que par la faiblesse des connaissances élémentaires procurées aux élèves (l'École, cette prison où l'on passe des milliers d'heure dont on ne se souvient plus, sauf rares exceptions).

La faute aussi à leurs aînés, avec la rubrique des "chiens écrasés" et les jeux qui surfent sur la composante la plus médiocre des spectateurs.

Citons aussi les feuilletons mal doublés (à quand une reprise de la série Dallas?) et les journaux télévisés qui choisissent leur Une en fonction de ce que leur dictent les bien-pensants de la finance et de la franc-maçonnerie (un pléonasme) ou de l'Église, selon les options.

Terminons avec la dette faramineuse et les économies dites indispensables dans presque tous les secteurs, y compris la santé. Tel est le cadeau que nous déposerons sous les sapins de Noël ou sous le compas du Temple pour nos enfants ; Les mensonges d'un père à son fils (Serge Reggiani).

Le bateau Finance devrait couler. Il coulera un jour, mais on écope, on écope. Les "écopeurs", ce seront vous et moi, et la croisière des Premières Classes se poursuivra peut-être encore longtemps...

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