Philip Fisher, Sa Philosophie En 15 Points Pour Investir Efficacement
Philip Fisher fut l'un des grands investisseurs du 20ème siècle. Découvrons sa philosophie d'investissement en 15 critères.
Warren Buffett, qu’on ne présente plus, a affirmé que sa génétique intellectuelle est composée à 85 % de Benjamin Graham, son mentor, et à 15 % de Philip Fisher, l'auteur du livre Actions ordinaires et profits extraordinaires sur lequel cet article se fonde.
Lire aussi : Les 4 Critères De Graham Pour l’Investisseur Amateur
Philip Fisher
Philip Fisher fut l'un des grands investisseurs du 20ème siècle. Il créa sa société de gestion de fonds Fisher & Co en 1931 et, au cours des sept décennies suivantes, il a fait gagner énormément d'argent à ses clients.
Pour l’exemple, il a été l'un des premiers investisseurs du géant des semi-conducteurs Texas Instruments TXN, dont le cours fut multiplié par plus de 50 depuis les années 80.
Cet article est un extrait du résumé vidéo du livre de Fisher que vous trouverez au complet ci-dessous :
Nous aborderons ici :
- La philosophie d'investissement de Philip Fisher
- Les 15 critères de sélections de Fisher suivi de la méthode du commérage
La philosophie d'investissement de Fisher peut être résumée en une seule phrase : Acheter et conserver à long terme un portefeuille composé d'entreprises exceptionnelles offrant des perspectives de croissance remarquables.
Cette phrase coule de source pour vous et moi, fidèles lecteurs de ce blog. Mais analysons-la attentivement pour comprendre les avantages de l'approche de Fisher.
La question à laquelle tout investisseur est confronté est, bien entendu, que faut-il acheter ? La réponse de Philip Fisher est d'acheter des actions de société de croissance superbement bien gérées. Et dans cette dynamique de gestion le management doit avoir une détermination indéfectible à aller chercher de la croissance ainsi que la capacité d’atteindre cet objectif.
Cependant, il n'est pas facile de trouver de telles entreprises. Mais, c'est possible si vous êtes prêts à travailler dur et c’est ce que nous faisons.
Des dividendes élevés, c'est bien?
Maintenant, il serait difficile de parler de sa philosophie d’investissement sans parler du sujet clivant que les dividendes représentent. A ce sujet, on entend souvent : un fort taux de distribution des dividendes est une valeur de sécurité.
Rien n’est plus éloigné de la réalité selon Philip Fisher. Pour le citer : la majorité des actions qui ont eu des performances boursières médiocres proviennent justement de cette catégorie de valeurs dites à haut rendement.
En effet une politique de dividendes trop stricte impactera le potentiel de croissance de nos actions car ce sont autant de bénéfices qui ne sont pas réinvestis dans l’entreprise. A l’instar de nombreux maîtres du milieu, Fisher donne la priorité à la croissance interne de l’entreprise plutôt qu'aux dividendes.
Les 15 critères de Fisher
Passons maintenant aux 15 critères de sélection de Philip Fisher et à sa méthode du commérage :
1. L’entreprise a-t-elle des produits ou services représentant un potentiel de marché suffisant pour permettre une croissance significative des ventes à long terme ?
Recherchons des entreprises qui ont une "courbe de ventes" ascendante ou potentiellement croissante. L’auteur nous donne l’exemple suivant qui suscitera peut-être la nostalgie de certains :
Dans les années 1960, 90 % des maisons américaines disposaient d'une télévision. Il semblait donc que l'avenir des fabricants de téléviseurs avait atteint un plafond.
Cependant, les entreprises en alerte ont commencé à réorienter leur vision vers les téléviseurs couleur. Et certaines ont même commencé à envisager des écrans plats…
Et ce sont ce genre de marchés qui nous intéressent car une croissance significative est possible.
2. Le management a-t-il la détermination de continuer à développer des produits ou des procédés de fabrications qui vont augmenter encore plus le potentiel total des ventes une fois que le potentiel de croissance des lignes de produits actuelles aura été largement exploité ?
Pour ce faire, la direction de l'entreprise doit avoir une attitude positive et visionnaire. C'est la clé pour aider l'entreprise à tenir ses promesses.
C'est d’ailleurs particulièrement vrai lorsque les efforts de R&D induisent de nouvelles technologies et opportunités de marché.
Apple avec ses Airpods pour ne citer qu'elle est un bel exemple pour illustrer ce point.
3. Quelle est l’efficacité des efforts de recherche et développement de l’entreprise par rapport à sa taille ?
Les dépenses en R&D sont pragmatiques si et seulement si elles restent centrées sur la création de produits rentables et donc sur les besoins des clients.
Une méthode pour vérifier ce point consiste à entreprendre une étude pointue sur les montants en termes de ventes et de bénéfices qui ont été directement récoltés des fruits des efforts de recherche sur une période donnée.
4. L’entreprise a-t-elle une organisation des ventes meilleure que la moyenne ? (soit quelle importance est accordée au marketing et à la vente ?)
Les investisseurs n'analysent généralement pas le potentiel de commercialisation des entreprises. Cependant, sans vente, la survie d’une entreprise est peu probable
Et motivés comme nous le sommes, c’est un point que nous pouvons évaluer par nous-même si nous sommes par exemple client de l’entreprise ciblée.
5. L’entreprise dégage-t-elle une marge bénéficiaire suffisante ?
Charlie Munger, vice-président de la BRK.B de Berkshire Hathaway et bras droit de Buffett depuis plus de 50 ans, aime à dire que si quelque chose ne vaut pas la peine d'être fait, cela ne vaut pas la peine de bien le faire.
De même, une entreprise peut connaître une croissance énorme, mais si cette croissance n’apporte aucun bénéfice ce n’est pas une opportunité pour vous et moi.
C’est pourquoi l’étude de la marge brute lors des 4 dernières années minimums est nécessaire.
Pour ce qui est des proportions des différents critères qui sont énoncés, je vous recommande ma vidéo sur l’interprétation des états financiers selon Buffett qui, pour la marge brute par exemple nous recommande d’être au-dessus des 40%.
6. Que fait l’entreprise pour entretenir ou améliorer ses marges ?
Gardons une perspective centrée sur l'avenir. Soyons attentifs aux idées nouvelles pour réduire les coûts et augmenter les bénéfices (ou à leur simple progression lors des 4 dernières années visibles dans les états financiers).
Dans cette idée d’augmentation des bénéfices, la mise en place d’abonnements ou de ventes additionnelles sont des signaux d’alertes positifs pour les entreprises que nous recherchons !
7. L’entreprise a-t-elle de très bonnes relations avec son personnel ?
Les entreprises influentes montrent qu'elles valorisent leurs employés par une rémunération équitable. De plus, elles résolvent plus rapidement les problèmes de travail et les employés y sont fidèles.
"Mais Rémi comment déduit-on cela ?" - me direz-vous.
Les labels (top employer, great place to work… ), la méthode du commérage (que j'aborderai à la fin de l'article) ou encore la quantité de candidature parfois visible sur LinkedIn, peut être un facteur intéressant pour approfondir ce point.
8. L’entreprise a-t-elle de très bonne relation avec les cadres dirigeants ?
Cherchez une entreprise qui propose de belles perspectives de progression en interne et qui a un leadership fort.
Et pour cela regardez les parcours des employés composant la direction sur LinkedIn peut être intéressant pour savoir s’ils sont arrivés là en gravissant les échelons en interne ou non.
9. L’entreprise a-t-elle un management aux compétences étendues ?
Méfiez-vous des situations "d'homme clé". C'est le cas lorsque l'entreprise est trop dépendante d'une seule personne. Les entreprises en évolution doivent donc construire leurs postes de direction pour l'avenir.
Et cela passe notamment par une grande rigueur sur la mise en place des process en interne (ce que l’on évaluera également avec la méthode du commérage).
10. Quelle est la qualité de la comptabilité et du contrôle budgétaire de l’entreprise ?
Pour avoir travaillé dans l’industrie, vous seriez étonné de constater le nombre d’entreprises qui ne connaissent pas le véritable coût de production de chaque produit ou prestation.
Et lorsqu'une entreprise ne dispose pas d'un contrôle financier strict, sa croissance peut ralentir. La cohérence des chiffres de ses états financiers dans la durée est un bon moyen de vérifier facilement cela.
Lire aussi : Warren Buffett et l'interprétation des états financiers.
11. L'entreprise présente-t-elle des atouts spécifiques à son secteur d'activité ?
Il est essentiel pour un investisseur de comprendre quels facteurs sectoriels déterminent le succès d'une entreprise et comment cette entreprise se positionne par rapport à ses concurrents.
Nous pouvons citer la capacité d’une entreprise à obtenir des brevets, son savoir-faire en matière de production comme la vitesse de service de MacDonald's à l’époque, la fidélisation de ses clients par la souscription à un abonnement comme Amazon Prime et bien d’autres.
12. L’entreprise a-t-elle une vision à court terme ou à long terme de sa rentabilité ?
Les entreprises qui renoncent à leurs bénéfices actuels pour leur croissance future sont susceptibles de survivre plus longtemps.
Et pour se faire un regard attentif doit être apporté aux bénéfices non distribués visibles dans le bilan comptable qui doivent être positifs et idéalement croissants.
13. L'entreprise aura-t-elle besoin de lever des fonds à court terme ?
Si oui, les investisseurs potentiels doivent s'inquiéter de la dilution de leurs actions.
En effet, en tant qu'investisseurs, nous devons rechercher des entreprises disposant de suffisamment de liquidités ou d'une capacité d'emprunt suffisante pour financer leur croissance sans diluer les intérêts de leurs propriétaires actuels par l’émission de nouvelles actions.
14. Le management parle-t-il librement aux investisseurs sur les opérations engagées par l’entreprise autant dans les bons que les mauvais moments ?
Toute entreprise, aussi merveilleuse soit-elle, sera parfois confrontée à des déceptions. Les investisseurs doivent rechercher une direction qui rend compte franchement aux actionnaires de tous les aspects de l'entreprise, qu’ils soient bons ou mauvais.
15. Les dirigeant de l’entreprise sont-ils d’une intégrité absolue ?
Sans pour autant enfreindre la loi, il y a un nombre infini de moyens par lesquels les dirigeants et leurs proches peuvent tirer parti de l’entreprise qu’ils contrôlent au détriment de l’intérêt des actionnaires :
- Salaires excessifs (ce que nous pouvons vérifier aisément sur internet) ;
- Propriétaires de biens loués à l’entreprise, ce qui est déjà plus complexe à évaluer ;
- Et bien d’autres…
Cette question d’intégrité des dirigeants est un critère primordial pour le succès à long terme d’une entreprise.
Une des clés pour obtenir plus d’informations sur ces 15 points réside dans la méthode que Philip Fisher nomme méthode du commérage :
La méthode du commérage
Pour investir intelligemment à long terme il faut donc trouver des entreprises susceptibles de croître plus rapidement que leurs rivales et plus rapidement que l'ensemble du marché.
La méthode de commérage consiste à collecter des informations auprès de contacts dans le secteur - personnes au sein des entreprises elles-mêmes - concurrents et/ou personnes qui connaissent bien le secteur.
En recueillant un large éventail d'informations sur une entreprise spécifique auprès de diverses personnes, il est possible d'obtenir une vue plus complète et de déterminer plus clairement avec les critères énoncés précédemment s'il vaut la peine d'investir dans l'entreprise en question.
En visionnant le résumé vidéo complet vous découvrirez aussi :
- 7 choses que l’investisseur long terme ne devrait pas faire selon Philip Fisher.
- Quand acheter et revendre ses actions ?
- Comment s’y prendre pour trouver ces actions efficacement avec la méthode en entonnoir ?
Et en bonus une petite anecdote de Isaac Newton au sujet de l’investissement qui causa sa ruine.
Avertissement : Cette analyse est une indication, et aucunement un conseil d'achat. Par conséquent, l’auteur ne pourra être tenu responsable en cas de pertes sur le(s) produit(s) concerné(s). Tout investissement comporte des risques de pertes. Pour plus d’infos, voyez nos mentions légales.
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