AmBev, Une Firme Dans Les Biens De Consommation, Pas Chère Par Rapport au Secteur
AmBev, la petite soeur d'InBev, produit également de la bière mais ses ratios sont supérieurs et sa dette est bien moins élevée.
Dans cette analyse, vous découvrirez une entreprise qui vend des biens de consommations, possède une faible dette et un cash flow élevé, et cote actuellement à sa juste valeur intrinsèque pour un return annualisé de 10%.
AmBev (NYSE:ABEV) est une société qui existait auparavant sous le nom de Companhia de Bebidas das Américas. On se souvient qu’en 2004, elle avait fusionné avec notre Interbrew nationale pour former la multinationale Inbev. Cette dernière avait ensuite fusionné avec l’américaine Anheuser-Busch pour devenir le conglomérat Anheuser-Busch Inbev (BUD).
Le titre qui nous intéresse, AmBev, cote séparément sur le New York Stock Exchange, mais sa maison-mère, Inbev, conserve une participation majoritaire, puisqu’elle possède pas moins de 61,8% des actions AmBev en circulation. La capitalisation boursière, quant à elle, est actuellement de 38,4 milliards d’USD, ce qui en fait une "big mid-cap".
Les produits d’AmBev
Comme Inbev, AmBev fabrique de la bière. Il est même le premier brasseur d’Amérique du Sud et le cinquième mondial.
Mais le groupe ne vend pas que de la bière. AmBev produit aussi des boissons sans alcool, des thés, de l'eau minérale et des boissons énergisantes.
Ses marques phares sont les bières Antarctica, Brahma et Skol.
Il est en outre l’unique distributeur de Pepsi au Brésil. La firme est donc concentrée uniquement sur la vente de boissons et ne commercialise pas d'autres produits alimentaires.
La société vend principalement ses produits dans toute l'Amérique du Sud, ainsi qu'aux États-Unis et au Canada.
La descente aux enfers
En 2013, l’action AmBev cotait 9$. En 2018, elle était descendue à 7$. En octobre 2020, c’est-à-dire au moment où j’écris ces lignes, elle ne valait plus que 2,60$ !
Pourquoi cette mauvaise performance?
Rassurez-vous… cela n’a aucun rapport avec les qualités fondamentales de l’entreprise. Depuis 2013, la croissance d’AmBev a même évolué positivement…
Mais alors quelle est la raison de cette dégringolade?
La chute du cours de l’action est due à la devise qu’utilise AmBev, le Réal brésilien, qui n’a cessé de perdre sa valeur face au dollar américain pendant toutes ces années.
Pendant la période 2011/2012, un Réal s’échangeait contre environ 0,60$, alors qu’il ne vaut plus que 0,18$ à l’heure actuelle.
Les revenus de la firme sont donc en croissance quand ils sont collectés en Réals mais stagnent quand ils sont mesurés en dollars américains.
Les ratios financiers
La compagnie est plutôt bien managée. Elle parvient à utiliser son capital de façon très efficiente. Son Return To Equity (ROE) de presque 20% et son Return On Invested Capital (ROIC) de plus de 15% sembleraient presque indiquer un moat économique.
Mais ce n’est pas tout. La beauté de cette société est qu’elle ne possède pratiquement pas de dettes, contrairement à sa grande soeur, AB InBev.
Le ratio liabilities/equity est quant à lui de 0,62, ce qui est très correct.
La dette
En 2019, la dette d’AmBev était de 3 milliards de Réals alors qu’elle dégage un free cash flow de… tenez-vous bien : plus de 13 milliards de Réals.
Si on convertit ces chiffres en dollars américains, la dette s’élève à 542 millions de $ pour un free cash flow de 2,35 milliards de dollars.
Le ratio dette/free cash flow s'élève donc à un ridicule 0,23. La dette ne constitue par conséquent aucunement un problème.
En comparaison, AB InBev possédait dans son dernier rapport annuel une dette de 103 milliards d’USD pour un cash flow libre d’à peine 8,2 milliards, ce qui donne un ratio dette/free cash flow de 12,5… C’est-à-dire beaucoup trop élevé.
AmBev regroupe donc les avantages suivant :
- Dette pratiquement inexistante par rapport à la capitalisation boursière ;
- Gros rendement sur les actifs, l’equity et le capital ;
- Produit résistant aux récessions ;
- Prix de l’action massacré ;
Lire aussi : Evaluer Le Risque d’Une Récession En 12 Critères
Les risques
- La premiumisation : les bières premiums, plus chères, sont de plus en plus prisées, surtout aux États-Unis et au Canada. Et elles ne sont pas une spécialité de l'entreprise. Par contre, dans toute l'Amérique du Sud, les bières "simples" restent de loin les plus vendues.
- Le risque sanitaire : les cafés et restaurants sont fermés pour le moment ;
- Le risque de devise : le Réal brésilien.
La valorisation de l'action
En appliquant un Discounted Cash Flow tout en visant un rendement annualisé de 10% sur la valeur, on obtient une valeur intrinsèque d'environ 2,40$.
Quant à la valorisation calculée par GuruFocus - graphique ci-dessus -, elle est à prendre avec des pincettes car potentiellement trop optimiste.
Pour ne pas être le dindon de la farde, j'essaie toujours de calculer mes valorisations avec le scénario de croissance le plus négatif possible.
En conclusion
En résumé, ce brasseur possède un bilan très solide, et pourrait également faire des acquisitions pour stimuler sa croissance. Avec une large base d'actifs, beaucoup de liquidités et très peu de dettes, l'entreprise dispose d'une grande flexibilité pour s'adapter à toutes sortes de situations économiques.
Si la liquidité internationale du dollar et la situation dans les débits de boissons s'améliorent, cette estimation de croissance pourrait s'avérer plus faible que prévue, avec des rendements qui pourraient surprendre à la hausse.
AmBev n'est certes pas l'action la moins chère actuellement, mais elle demeure toutefois assez bon marché par rapport au secteur - assez cher - des biens de consommations.
N'oubliez pas de toujours faire vos propres recherches.
Avertissement : Cette analyse est une indication, et aucunement un conseil d'achat. Par conséquent, l’auteur ne pourra être tenu responsable en cas de pertes sur le(s) produit(s) concerné(s). Tout investissement comporte des risques de pertes. Pour plus d’infos, voyez nos mentions légales.
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