Bpost, une chute continue qui pose question…
Au soir de la publication des résultats de Bpost, le 13 mars dernier, la presse spécialisée ne tarissait pas d’éloges quant à la qualité du bilan : chiffre d’affaires en hausse (on a même pu lire l’adjectif « canon »), octroi d'un bon dividende et perspectives encourageantes.
Pour s’en convaincre, il suffit de lire le communiqué de presse de Bpost. On peut y trouver ce qui suit :
- Augmentation du résultat d’exploitation de 38,3%,
- Augmentation de l’Ebitda de 9,9 à 151,4 millions d’euros, acquisitions comprises,
- Consolidation de Radial, Dynagroup et Ubiway
- Dividende proposé de 1,06€/action
Il faut bien lire ce dernier alinéa jusqu’au bout. En réalité, ce dividende « proposé » a déjà été versé en décembre dernier et son complément s’élève à… 0,25€, montant astronomique qui sera soumis à l’approbation des actionnaires.
Dès le début de la glissade du lendemain, le communiqué prometteur s’est mué en une boîte de Pandore. Interviewé ce mercredi noir, le CEO de Bpost a rectifié son communiqué de la veille par des données inédites : la découverte de conditions particulières au sein du Personnel de Radial (une assurance-groupe sous-estimée notamment), conjuguée au recul du courrier papier (bien que compensé par l’augmentation du courrier publicitaire).
On pourrait donc conclure qu’avant l’acquisition de Radial, les responsables de Bpost n’auraient pas correctement analysé sa configuration. Errare humanum est, mais on éprouvera quelques doutes quant au poids de cette négligence en regard du cataclysme boursier entamé en ce lendemain de veille. Un oubli préjudiciable pour l’actionnaire et - qui sait - pour le contribuable.
Voici en quelques phases, l’évolution de Bpost :
- Le 13 mars, avant la publication des résultats, le cours est à 27,88€
- Le lendemain, 14 mars, il clôture à 21,74€ sur un plus bas de la journée, le processus de ventes massives s’étant accentué durant les 5 minutes qui suivent la clôture (ce moment où les ventes sont possibles sans contrepartie d’achat hors-marché). On parle d’un recul historique depuis l’entrée du titre au sein de l’indice.
- Le 15 mars, la chute se poursuit après un bref rebond : clôture à 21,24€, à nouveau un plus bas atteint dans les prolongations.
- Le 16 mars, même scénario, avec une clôture à 20,76€ et un nouveau plus bas après le temps réglementaire (et les tirs au but).
Le week-end se déroule sans nouvelles. Mais la débâcle ne s’est pas interrompue.
- Le lundi 19 mars, à la reprise, on pense à un rebond significatif, mais les investisseurs devront déchanter. La turbine vendeuse se remet en route et ratiboise à qui mieux mieux : clôture à 19,64€, quasiment au plus bas.
- Ce jour, 20 mars, on prend les mêmes et on recommence : le titre oscille autour de 19€ à l’heure d’écrire ces lignes.
Ce qui frappe dans ce récapitulatif, c’est l’étendue temporelle de cette baisse. Jour après jour, alors qu’aucun élément nouveau ne semble surgir, les ventes se poursuivent, comme s’il s’agissait de les diluer sur une période.
Une seconde surprise est la vente accrue et systématique qui survient au cours des 5 dernières minutes (bon sang, mais c’est bien sûr !). On sait que pour modifier le cours d’une action dans cet intervalle, il faut disposer de gros volumes, bien au-delà des investissements des « bons pères de familles ». La véritable question finalement, est celle-ci : « mais qui sont ces vendeurs ? ». Et celle sous-jacente : « qu’est-ce qui se trame pour générer un tel mouvement » ? Les autorités financières pourraient à tout le moins s’interroger sur ces opérations à très gros volumes.
Etrange baisse
Nous ne sommes pas des adeptes de théories du complot, mais une chose est probable : des actionnaires importants effectuent des dégagements de façon continue, et cela pose question.
La Bourse nous habitue parfois à des baisses, qui sont le résultat de shorteurs. C’est une des règles du jeu.
Mais, avec Bpost, nous sommes dans un tout autre environnement : le titre est pour moitié entre les mains de l’Etat. Ce n’est pas anodin. On sait depuis quelques exemples de débâcle comment évolue une action lorsque le contrôle de l’Etat s’accroît. Nous pensons au cas Dexia et sa création d’une « bad bank » qui s’est avérée, miraculeusement, rentable… pour l’Etat.
Peut-on encore parler d’une baisse des courriers, ou de la déception liée à l’acquisition de Radial ? Cela nous semble quelque peu disproportionné et, pour tout dire, tout simplement anormal.
Le dividende à venir représente, au cours actuel, 4,75%. Etrange, ne trouvez-vous pas ?
Mais, c’est vrai : son montant a été renseigné sous réserve de l’approbation des actionnaires.
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