Oxurion, Dernière Biotech Analysée
Oxurion, ce n’est pas n’importe quelle biotech. Voici 4 ans, elle figurait encore parmi les membres du Bel20. Le cours était alors de plus de 40€. Aujourd’hui, elle cote à 10% de cette valeur.
La société louvaniste, surtout parmi son sous-secteur, est passée maîtresse dans l’art des paradoxes et des divergences d’avis. On lui prête tour à tour des potentialités et des craintes abyssales. Il faut dire que la société navigue un peu « à vue ». Ce n’est pas un jeu de mots, puisque la biotech s’est spécialisée dans la stabilisation ou la réparation par injections intravitréennes du décollement du vitré de la rétine, lequel se manifeste par une distorsion visuelle parfois suivie de cécité.
En 2013, son produit-phare, le Jetrea, est validé pour une commercialisation aux Etats-Unis Les ventes rapportent cette année-là 20,3 millions à la firme et un engouement pour le titre, qui cote autour de 40€, et entre dans le Bel 20. D’autant que le produit poursuit d’autres indications, comme des pathologies cardiaques ou des cancers.
Plus dure est la chute : les ventes du Jetrea aux Etats-Unis diminuent ensuite d’année en année (2,9 millions en 2017, soit 10 fois moins qu’en 2013). Le titre stagne depuis 2015 entre 4 et 5 euros. Pour ne rien arranger, la société Alcon, sa partenaire des premiers jours (et filiale de Novartis), a renoncé au support commercial du Jetrea. Novartis a cédé la licence qu’elle détenait… tout en entrant dans le capital de Oxurion.
Cette manœuvre a permis à la biotech d’accroître sa trésorerie, mais elle est plus que jamais au pied du mur. Ajoutons à ce tableau le fait que les médicaments-candidats à partir du même processus thérapeutique (maladies cardiaques et cancers) sont à ce jour dans une phase relativement peu avancée.
Pessimiste, avez-vous lu ? Nous dirions plutôt que le passé récent n’est guère engageant, mais le titre stagne au plus bas depuis trois ans et on imagine mal de nouvelles tuiles.
Le point de vue scientifique
Le produit-phare, le Jetrea (ocriplasmin).
Oxurion développe ce produit, tout en lui cherchant d’autres indications.
Le problème ici, et c’est une bonne conclusion pour notre revue des biotechs cotées à Bruxelles, est que la sensibilité aux étapes de validation est forte quand il s’agit de développer un produit prometteur. En revanche, une fois le sésame obtenu, l’enjeu se déplace vers les chiffres de vente, et ce facteur grève parfois des années de recherche et de développement.
La commercialisation d’un produit réveille aussi la concurrence, la pérennité des brevets ou licences et, pour Oxurion, ce n’est pas une mince affaire.
Le point de vue économique
Il est difficile de nuancer l’analyse lorsqu’on a assisté à une telle chute et déceptions des chiffres de vente du Jetrea. Le cours se calque manifestement sur le chiffre d’affaires de la firme.
Du reste, le nombre réduit d’analystes qui suivent le titre (ou s’en abstiennent plutôt) ne s’aventurent pas au-delà d’un « conserver » qui masque peut-être les nombreuses incertitudes à propos de l’évolution du titre.
On ajoutera cette difficulté : les informations qui proviennent de Oxurion restent floues. Ce manque de lisibilité dans ses projets maintient dès lors l’incertitude quant à son avenir.
Les points forts d'Oxurion
- Un produit commercialisé aux Etats-Unis dans un secteur « porteur », celui des pathologies ophtalmiques ;
- Un espoir lié à la qualité du blockbuster quant à d’autres indications potentielles et en cours d’études ;
- Le soutien, certes indirect, de Novartis.
Les points faibles
- Une spirale baissière, lié à des ventes régulièrement décevantes du produit-phare aux Etats-Unis d’année en année* ;
- Un manque de lisibilité des stratégies du groupe ;
- Une grande vulnérabilité si les chiffres négatifs se poursuivent;
- Une manne financière qui risque de s’affaiblir, si les coûts du développement des autres indications du produit-phare ne se trouvent pas rapidement comblés par des résultats positifs objectifs. Cet affaiblissement rendrait probable une augmentation de capital.
Si nous devions nous positionner sur ce titre, nous resterions à l’écart, conscients néanmoins qu’au stade actuel, l’action ne peut que rebondir, ou disparaître. On voit mal en effet la stagnation du cours se poursuivre indéfiniment.
Nous restons toutefois conscients dans le fait que Oxurion a les possibilités de surprendre les marchés et de connaître un nouvel essor. Une surprise pourrait émerger d’ici peu, et permettre de rentabiliser un investissement modeste…
Avertissement : Les informations contenues dans cette analyse ne sont pas des conseils d'achat. Par conséquent, l’auteur ne pourra être tenu responsable en cas de pertes sur le(s) produit(s) concerné(s). Tout investissement comporte des risques de pertes. Pour plus d’infos, voyez nos mentions légales.
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